Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 20 avril 2006

Les saints de glace ou saintes glaces

Qu'est ce que la période de Saintes-Glaces ?
C'est la date après laquelle, il ne gélera plus de l'année ... Cela tombe le 11, 12, 13 mai. Aujourd'hui, ils sont moins à craindre. Mais ils n'y sont pour rien...

Les Saints de glace sont, au printemps, les jours, et surtout les nuits, durant lesquels le ciel est dégagé, après l'arrivée d'une masse d'air froid, avec des températures très basses au petit matin, descendant au-dessous de zéro degré. Les plus connus sont Mamert, Pancrace et Servais, les 11, 12 et 13 mai. Mais ils s'étendent, en Suisse romande, du 23 avril (St Georges) au 25 mai, avec St-Urbain, réputé le dernier “Saint vendangeur”. Après le 25 mai, on considérait que la vigne ne risquait plus le gel. Plus on avance dans la saison, plus le risque qu'il gèle devient faible, mais plus les conséquences d'une nuit de gel pourront être catastrophiques.
Au fait, pourquoi avoir attribué à des Saints le don d'apporter le gel? En réalité, c'est d'une tout autre mission qu'on les avait chargés initialement. Ils devaient protéger les cultures durant les jours qui leur étaient attribués à chacun, ces jours étant ceux durant lesquels les cultures couraient les plus grands risques. Les années passant et vu le peu de succès de leur patronage, on a fini par leur faire endosser la responsabilité des gelées, qu'ils personnifient désormais.
Pourtant les choses sont en train de changer, et rapidement. Avec le réchauffement climatique dû aux gaz à effet de serre que nous émettons dans l'atmosphère, les nuits se sont déjà beaucoup réchauffées. Le dernier jour de gel se produit de plus en plus tôt dans la saison. Certes, la variabilité est grande, et un gel exceptionnellement tardif reste toujours possible. Mais en moyenne, le dernier jour de gel se produit deux semaines plus tôt aujourd'hui qu'il y a vingt ans, trois semaines plus tôt que dans les années 60. Ce décalage s'observe partout, quelle que soit l'altitude, et même si les années records ne sont pas les mêmes. Sur la Côte, par exemple, à Changins, le dernier gel se produisait en moyenne durant la deuxième quinzaine d'avril dans les années 60. Aujourd'hui, la moyenne se situe à fin mars. Ailleurs, il se produit plus tard, mais le décalage est le même.
Comme l'évolution de la végétation dépend beaucoup des températures de la journée et que celles-ci se sont très peu réchauffées au XXe siècle, la floraison de la vigne et des arbres fruitiers n'a pas subi le même décalage. Le risque de gel des cultures est donc en nette diminution actuellement. Avec le réchauffement climatique, il faut donc non seulement avancer les Saints de Glace de plusieurs semaines, mais, en plus, il faut savoir qu'ils ont perdu de leur virulence. Certes, les traditions se perdent, mais voilà tout de même une bonne nouvelle concernant le réchauffement du climat!
Martine Rebetez
Climatologue à l'Institut fédéral de recherches WSL http://ecos.epfl.ch/